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5/02/2015

L'injonction à ne jamais prendre du repos

L'injonction à ne jamais prendre du repos

Introduction : comment poser la question

Parfois, la question semble la même, mais la manière de poser de poser la question oriente nécessairement la diversité des réponses possibles.

Présenter une question sous une approche féministe donne, dans une société encore fortement ancrée dans un modèle patrilinéaire, des réponses immanquablement teintée de réflexes acquis patriarcaux, y compris chez un grand nombre de femmes que le féminisme et ses représentations mentales agressives y compris chez la majorité des femmes.
Ma démarche consistera à élargir le propos du féminisme à la question de l'utilité sociale. La question de société en jeu devient alors un élément de réponse au sentiment d'abandon ressenti par une population épuisée, vidée, qui se vivant comme inutile dans un contexte où seule l'efficacité de l'action est prise en compte, ressent un violent sentiment d'illégitimité qui nuit au sentiment d'appartenance, seule condition à même de faire société.

Qu'est-ce que faire société 

Ce qui est à la racine de ce qui ne fait plus société répand le risque de violences et de réactions imprévisibles, parfois extrêmes et mettant en péril ce qui permet de "faire société". Une société qui ne donne plus de possibilité à chacun de prendre part à sa façon s'éloigne de la civilité, dans un climat de tension permanente des uns et des autres, indépendamment du bon vouloir et de l'authentique bienveillance et compréhension mutuelle. S'éloignant chaque jour davantage de ce qui est susceptible de faire société, elle prend le chemin vers un retour à une forme de barbarie toujours en sommeil et prête à surgir en cas d'extrême tension. 
Le corps social ne réagit pas différemment des corps individuels. Ce que peut un corps est humain et dépend de programmations tant génétiques que sociétales, à des degrés divers selon que l'on pense que l'un prime sur l'autre. Or, il ne s'agit pas ici de choisir entre une option plutôt qu'une autre, entre le tout génétique, le tout inné, et le tout sociétal, le tout acquis. C'est le délicat mélange des deux tendances, existantes toutes les deux, qui crée une troisième tendance, distincte de tout choix binaire, réactivant des réflexes de mise en opposition dans un forme de lutte, d'agōn, inconsolable car incontrôlé, faute de l'avoir pensé.
Il faut penser la binarité pour s'en extirper et refuser de faire le choix du binaire. Je m'appuie ici sur les travaux de ce que l'on a appelé l'École de Palo Alto et plus particulièrement ceux de Paul Watzlawick, disciple et condisciple de Gregory Bateson.
Le refus du choix entre deux options passe par le choix de ne pas faire de choix, comme la Femme de Bath dans Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer et par se tirer d'un mauvais pas en se tirant hors du marais où l'on se trouve englué en se tirant soi-même par les cheveux, comme l'avait fait, dans un conte, le facétieux Baron de Münchhausen (Watzlawick).

En appliquant cette solution individuelle, appliquée à des corps et des êtres humains individuels à un corps social, la solution de sortie de crise sociétale passe par le refus du choix du binaire et le choix de faire société en se tirant hors de la mare par la queue de cheval. La proposition semble farfelue. Elle ne l'est pas. Que symbolise cette queue de cheval que portait le Baron foutraque est un véritable sujet de réflexion. Elle correspond à un proverbe chrétien "Aide-toi et le Ciel t'aidera" repris par les tenants du libéralisme avides de gracieuses métaphores sportives "Allez, les gars, on se sort les doigts du cul !"  avec une dureté telle que le message ne peut être entendu, faute d'être compris.
Faire société n'est pas une évidence.


© Simone Rinzler | 31 mars 2015 - Tous droits réservés

La pensée est de retour à L'Atelier de L'Espère-Luette

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