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1/12/2015

Tu as fait l'expérience de ta fragilité...

Tu as fait l'expérience de ta fragilité. Une fois encore.
Parmi et pas parmi tous ceux qui expérimentaient, eux aussi, leur fragilité et leur impuissance temporaire.
Tu as subi une contrainte par corps, à ton corps défendant. Ton corps t'a lâchée au moment de te préparer pour partir, pour sortir.
Tu as marché dans ta tête, communié par la pensée, maudissant ta fragilité. Tu as laissé ton corps décider, incapable qu'était ta tête de décider si tu voulais ou ne voulais pas aller marcher. Tout se mélangeait. Tu n'étais plus vraiment en état de rien. Trop barbouillée, trop gargouillée.
Ton corps a décidé. Ta tête l'a peut-être guidé. Tu n'en sauras jamais rien. Ce n'est pas cela qui te chagrine.
Tu t'es sentie fatiguée, énervée, à fleur de peau, des symptômes physiques de plus en plus importants t'ont montré que tu étais à bout de forces. Tu sais que tu dois t'épargner. Qu'il te faut renoncer à tes pulsions de toute-puissance et accepter ce que tu ne peux, seule, changer. Tu as maudit ta retraite, l'impossibilité que tu t'es faite en abandonnant le combat contre l'obscurantisme sur le terrain.
Tu t'es forcée à entrer en toi, écouter ce que tu avais à te dire. Pour une fois, tu ne t'es pas forcée au-delà de tes forces. Tu sais récupérer tes forces pour continuer sur le terrain que tu t'es choisi, l'écriture. De la fragilité. De la sensibilité. De l'humanité. 
Tu sais aussi qu'accepter ta fragilité fait ta force. Il ne te reste plus qu'à en convaincre ton entourage.
Tu as dormi, dormi, dormi.
Tu as délaissé les réseaux sociaux, tu n'étais plus certaine de ce que tu aimais ou voulais poster. Tu t'es arrêtée avant de d'être complètement déboussolée. Être désorientée te suffit. 
Tu sais que tu n'es pas seule à être désorientée. 
Tu es restée quasi silencieuse, comme le sont les grands blessés. Tu sais y reconnaître un signe de sidération. Tu t'éloignes, un peu, de l'agitation, du bruit, du silence de la foule. Tu n'as pas joué au héros. Le héros, cette figure qui, selon Viktor Klemperer, dans "LTI (Lingua Tertii Imperii) - La Langue du IIIe Reich" nous provient en droite ligne de l'idéologie totalitaire nazie. Tu refuses de te prendre pour un héros. Tu te remets toute seule à ta place, à ta seule place, ta place de petit être humain, capable de sentiment et d'émotion, certes, mais aussi de raison. Tu sais qu'il n'est pas nécessaire de te tuer inutilement. Tu ne sais pas encore ce que tu feras. Tu étais sur ton chemin d'écriture. Tu continueras. Peut-être différemment. Mais pas tout à fait totalement, car on ne se change jamais radicalement. Tu cherches en toi ce qui te permettra de te régénérer au mieux et au plus vite.
Tu te refais une petite santé. En confiance.
Tu as recommencé ton chemin d'écriture. 
Même si tes jambes te portent mal, que tu as du mal à te tenir debout depuis deux jours, ta tête s'est déjà remise debout.
Tu vas continuer à écrire. Et en attendant, à écouter de la musique classique et à lire "Journal d'un écrivain en pyjama" de Dany Laferrière, alternativement, car tu ne peux plus, depuis longtemps, faire les deux en même temps.
Tu vas essayer de mieux te relire, pour ne pas laisser traîner des imperfections, comme tu l'as souvent fait depuis que tu tiens ce blog littéraire public.
Tu le vois bien, que tu as déjà retrouvé des forces.

© Simone Rinzler | 12 janvier 2015 - Tous droits réservés

(mais on peut partager quand même, je ne suis pas juriste : partage si tu penses que ce texte peut faire du bien à quelqu'un, ne serait-ce qu'une seule personne qui n'a pas pu, hier non plus, ou pas voulu et qui regretterait un peu quand même.)

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