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11/11/2014

Poursuite d'un roman ébauché par un ami FB

Elle m'avait quitté, à petits pas comptés. Elle avait laissé un message idiot. Sur la glace. De la salle de bains.  Elle avait tout empaqueté. Pendant mon anesthésie partielle. Je m'étais réveillé. Silence partout. Elle venait sûrement de partir. Je venais de me lever, enchifrené. Pour aller pisser. En me regardant. Dans la glace. Sur la glace. Je vis le mot. Avant même de réfléchir, je fus dérangé. On sonnait. A la porte. A cinq quarante-trois du matin. Elle m'avait laissé. M'avait laissé. Avait déserté. Tout vidé. Pendant que je récupérais.

Effacer, aller à la porte ? J'ai hésité un quart de seconde de trop. Que faire ? J'étais perdu. Laminé. Rasé. Rincé. Tétanisé, halluciné, je n'ai ni effacé, ni répondu. Je suis resté là. Hébété. Écrêté. Étêté. Entêté dans ma fierté blessée. Je n'allais pas m'abaisser. Pas pour elle. Pas pour celle-là. Elle ne me méritait pas. Je restai un instant, les yeux dans le vague, ému, chaviré, évidé. J'avais encore fait le vide autour de moi. Comme à chaque fois. Égal à moi-même, je prétendais que je ne tenais pas à elle. Non, non, je n'irai pas. Pas tout de suite. Je me suis rendu dans le salon, hagard. Me suis servi un verre de vieil alcool blanc. Ne me suis pas assis. Ne l'ai pas bu. Suis allé à la porte. Il n'y avait personne. Alors, j'ai pleuré, doucement. Mes larmes étaient douces. Elles étaient tièdes. Elles seules me faisaient du bien. J'étais heureux d'être malheureux. Ne t'occupe pas de moi. Je suis un gars bizarre, tu sais. Tu vas encore t'extasier. Me dire que j'écris bien. Que je suis un mec bien. Mais qui donc un jour pensera à me dire, doucement, avec compréhension et bienveillance : 

"Et le bonheur à plusieurs, pas tout seul, tu n'as jamais voulu vraiment essayer d'y croire ? Je veux dire, d'y croire vraiment ? Tu sais bien que tu aimes te faire du mal. As-tu déjà essayé de te faire du bien,  vraiment du bien, une seule fois, en faisant les choses simplement, en arrêtant de t'interroger tout le temps ?". 

Mais non, jamais personne n'a pensé à me le dire vraiment, tendrement. Elles ne sont pas tendres. Ne savent plus être tendres. Elles ont perdu le mode d'emploi, ou quoi ? Pour elles non plus, ce ne serait pas si difficile. Mais pourquoi aucune ne veut jamais s'y coller. "Hein, quoi ?".

Il retourna dans la salle de bains, passa dans le salon, s'assit, se releva. Il hésita entre aller prendre une douche ou picoler. Dans un dernier sursaut d'héroïsme, il se décida à ne pas toucher le verre. À s'en éloigner. Se doucher ? Pour quoi faire ? Elle était partie sans rien laisser derrière elle, sinon son petit diffuseur à parfum. Non, il ne s'en mettrait pas. Il fallait qu'il cesse de se torturer. La douche le réveillerait trop. Il ne saurait plus quoi faire, après. Tourner en rond, de pièce en pièce dans son appartement (qui n'était pas si grand que cela, confortable, certes, moderne et bien situé, mais il serait trop à l'étroit pour y circuler). Son héroïsme du jour serait, pour ne pas se mettre à boire, d'aller s'allonger, tout habillé avec ses vêtements de la veille qu'il avait enfilé à la hâte quand il s'était réveillé. Il lui restait des forces pour se faire sourire. Il entra dans sa chambre et s'allongea un peu en travers du lit, ni couché, ni pas couché. Le sommeil le prit. Endormi, délivré, il savoura, sans le savoir, un bel instant de paix. Fugace, bien trop fugace. Il n'était pas un homme heureux.


© Simone Rinzler | Date précise inconnue, courant 2014 - Tous droits réservés

[Tous droits réservés pour cette suite et cette reconstitution partiale et partielle du début. L'auteur se reconnaîtra-t-il ? Ses lecteurs le reconnaîtront-ils ? Qu'en inférera-t-il ?Qu'en inféreront-ils ? On s'en fout. Ça, maintenant, c'est devenu mon récit.]

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