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6/23/2014

Enfance hausmannienne

Notre voisin, bougnat de son état, rentrait le soir, harassé, le pas lourd, crachant ses pauvres poumons silicosés. Puis, sans qu'il déménage, il est devenu mon voisin de palier au 6ème étage. Nous avons alors partagé nos expectorations. Toilettes à la turque, sur  le palier. Lui, malade, déjà. Moi, jeune femme enceinte dont le corps s'habituait difficilement à son nouvel office. 
Il y avait aussi un clochard roux, extrêmement sale, qui dormait tous les soirs sur les premières marches menant au 1er étage, face à la loge de la concierge, parfois agitée de terribles crises de delirium tremens. 

C'était un vieil immeuble haussmannien bourgeois.
Il n'y a plus de loge. Seulement un anonyme digicode.
Les classes sociales n'étaient pas encore séparées par les nouveaux modes d'habitat.

© Simone Rinzler | juin 2014

6/19/2014

N'est pas... et se demande pourquoi...

N'est pas parano mais se demande pourtant pourquoi 56 personnes le suivent (et se demande d'ailleurs à quoi ça leur sert)

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N'est pas.... et se demande pourquoi...

Beau modèle d'énoncé, pensa la linguiste.
Bonne question, se dit Simone.
Quelle question, se dit la philosophe du langage.

Et elle, elle se dit :
N'est pas je ne sais quoi et se demande pourquoi.

À quoi bon le pourquoi, quand tu as le comment.

À quoi bon le pourquoi, quand d'eux, rien tu n'entends.

Que cherchent-ils ?
Que cherchent-elles ?
Que veulent-ils ?
Que veulent-elles ?

Eux-mêmes n'en savent rien.
Tu ne sais pas.
Je ne sais pas.
On ne sait rien.

On fait.
C'est tout.

Et parfois,
On voit.

© Simone Rinzler | 19 juin 2014

(Statut FB commenté, avec la complicité semi-involontaire d'un Ange Matriculé)

#PhotoDuJour 20140618 :
"Se laisser envoûter par l'appel du seringat"
© 6M1 Simone Rinzler


6/18/2014

Tu...



Tu hésites. Tu tempêtes. Tu t'emportes.

Tu lis. Tu Cliques. Tu claques.

A petit Feu. Nourri.

Tu Tournes. En Rond. En Carré. En Trois D.

Tu Sautes. D'Humeur. En Mode Majeure infantile.

En La. En Si. En Si mineur.

Jamais. Aux Grands. Jamais. En Ré # Majeur.

Tu Tergiverses. Tu Te bouleverses. Tu Te traverses.

Tu, Tutu tu. Turlute. Tu Te Tues. Chappe Eau. Pointue.

Tu Cherches. Tu Fais Semblant. Sans Prendre De Gants.

Je Te Le Dis. Tu Perds Ton Temps.

Tu T'y Mets. Ou Tu T'y Mets Pas.

Tu Suis Ta Trace. Ou Tu Dégages.

Tu N'Y Vas Pas. Par Quatre Câlins.

Tu Fonces. Tu T'Y Enfonces. Ou Bien Tu Pionces.

Alors, Tu Te Décides.

Comment Je Me Décide. 


Je N'Ai Pas Besoin De Toi Pour Décider.

Je N'Ai Pas Besoin De Décider. Je Fais. C'est Tout.

T'As Pas De Projet. T'as Pas D'Idées. T'as Que Du Style. Tu Crois Que Ça Suffit.

Ferme-La. Ca Suffit. C'Est Assez Barguigné, Assez Blablaté, Assez Castré. A La Schlague.

Tu Vois Pas Que J'Y Suis. Tu Vois Pas Que je te Fuis. Tu Vois Pas Que Tu M'Ennuies.

Tu Sais Pas Encore Que je Me Débrouille Sans Toi. Que Je Dérouille Avec Toi.

T'As Pas Fini De M'Emmerder Avec Ton Babillage Incessant, Inconsistant, Inédifiant.

Je Te Tue.

© Simone Rinzler | 18 juin 2014





Ce soir, je suis... Parole Politique

Ce soir,
Comme hier,
Comme demain,
Et avant-hier, 
Et encore Après-demain,

Je suis Rom,
Je suis Intermittente,
Je suis LGBTQI,
Je suis cheminotte,

Du côté
À côté, 
De ceux qui 
Ont besoin de 
Notre soutien.

Même si la parole 
N'est pas grand-chose,
Même si...
Elle est dérisoire,

Elle est mieux 
Que 
Le Grand Rien Du Tout.

© Simone Rinzler | 18 juin 2014



6/11/2014

À côté

À côté. Toujours à côté.
À côté de la plaque.
Jamais là où... personne ne l'attendait.
Ni rebelle, ni modèle.
Juste moi.
Juste toi.
Juste soi.

© Simone Rinzler | 13 mai 2014

Arrêt sur image

Arrêt sur image

Sur le mur FB de Clément Bénech, un texte de François Matton :

A l'intention des fortes têtes qui ignoreraient encore son principe pourtant simplissime, je rappelle que l'exercice de l'arrêt consiste à s'arrêter. Oui, s'arrêter, tout simplement. Autrement dit, cesser soudainement de faire quoi que ce soit. Voici un exemple : alors que vous êtes en train de manger des raviolis, vous cessez soudainement de manger des raviolis. Voici un autre exemple : alors que vous courez dans le métro, vous cessez soudainement de courir dans la métro. C'est aussi simple que ça. Action / cessation de l'action : voilà en quoi consiste l'arrêt. Car, aussi invraisemblable que ça puisse paraître pour qui n'a jamais pratiqué cet exercice, il est bel et bien possible à tout moment de s'arrêter de faire ce que l'on est en train de faire. Il suffit de s'interrompre, c'est-à-dire suspendre d'un coup tout mouvement, tout élan, tout affairement, toute projection. Juste s'immobiliser. Se figer. Bloquer le devenir. La seule difficulté est de ne pas penser aussitôt aux conséquences de cette interruption. Ne pas penser "mes raviolis vont refroidir", ne pas penser "je vais me retrouver à Saint-Anne". Non. S'en tenir à l'arrêt, tel un chien de chasse figé comme pour l'éternité, et que nulle anticipation ne vient contrarier.


© François Matton

Une lecture : « Une enfance de rêve » de Catherine Millet

Troublée par la lecture de "Une enfance de rêve" de Catherine Millet en collision/collusion temporelle et existentielle avec le retour en Champagne dans la maison de campagne de l'enfance il y a une semaine, je me sens engluée, happée, interpelée à vif. 
Une solution de (fausse) facilité aurait été d'abandonner définitivement cette lecture. L'effet salutaire aurait été rapide et bref. Le choix de ne pas abandonner cet exceptionnel récit, si douloureux soit-il, est une des innombrables tentatives (réussies) de dompter et mater ses peurs en les affrontant, en les regardant dans le fond de leur noirceur intrinsèque. Ces tentatives de se coller et se colleter au souvenir du réel pour s'en débarrasser, se vider de ces fantômes vides qui parfois m'habitent ; et mon couteau de me charcuter la madeleine des Mamies de La Marne.
Les fantômes sont éveillés. Je ne saurais dormir sans les avoir apaisés.
Lectrice beckettienne, je ne peux continuer, je le dois, je ne peux le faire, je me dois de le faire ; et le faire a dissous l'angoisse par l'écriture de la lecture.
© Simone Rinzler | 11 juin 2014

(Lecture terminée)


La Morne Marne Me Fait Marner
© Simone Rinzler
11 juin 2014